Les Bourses Expé by Cabesto Magasins Cabesto

Bourses Expé by Cabesto 2023

récit d'expédition [lauréats BOURSES 2015]

L’ORizon Lapon

Expédition en Laponie finlandaise

FINLANCE - 25 juin au 20 juillet 2015

L'ÉQUIPE

 

Isabelle Hervé

28 ans, régisseuse, Paris

 

Chloé Dagonet

27 ans, Régisseuse,  Paris

 

 

 

Résumé des résultats

Nous sommes parties à la découverte de la région d’Inari, dans le Parc National Lemmenjoki, alternant deux sports, le kayak et la randonnée. Notre objectif était de partir à la rencontre des chercheurs d’or en Laponie finlandaise. La découverte de l’or en Laponie date de la fin du 19ème siècle. Les nombreuses ruées vers l’or se sont déroulées dans 4 régions : Tankavaara, Saariselka, Ivalojoki, et Lemmenjoki.

Nous avons réduit notre zone d’exploration à la rivière Lemmenjoki et Ivalojoki. La rivière Ivalojoki est historique puisque c’est là qu’en 1868 les premières pépites d’or ont été trouvées dans la région. Ces découvertes ont lancé la ruée vers l’or finlandaise. Si celle-là n’est pas comparable à celle de l’ouest américain, elle a cependant marqué l’histoire finlandaise.

La découverte de la Lemmmenjoki fut plus tardive dans les années 1900. Après un désin-térêt, une ruée impor-tante en 1940 refait de la Lemmenjoki une des rivières les plus pro-ductives dans la recher-che d’or.

Nous nous sommes intéressées aux pro-blèmes de l’exploi-tation aurifère sur l’environnement. Ainsi nous sommes parties rencontrer ces hommes et femmes qui ont choisi pour activité profes-sionnelle ou par pas-sion, l’orpaillage.

Déroulement de l’expédition

La traversée du lac Inari

Nous décollons le 25 juin de Paris en direction d’Ivalo au nord de la Finlande. De là, le projet initial est de se rendre dans le Parc national Lemmenjoki en utilisant le moins de moyens motorisés possibles. Ayant prolongé nos dates d’expé dans la région, nous décidons de relier Ivalo-Inari en kayak. Après de nombreux conseils à l’office de tourisme et l’achat de notre carte maritime, nous gonflons nos kayaks pour la première fois. Nous partons en fin d’après-midi et notre première étape est écourtée en raison du mauvais temps. Nous descendons l’Ivalojoki en direction du plus grand lac de Laponie finlandaise, le lac Inari. Les premiers paysages sont encore urbains. Nous suivons de loin une route, et la présence de nombreuses maisons rendent un peu compliqué notre choix de campement pour la nuit. Nous trouvons finalement un terrain plat où les moustiques nous attendent de pied ferme. Nous plantons notre tente sous la pluie avec des moustiques voraces, heureux de nous voir passer la nuit ici. La première journée donne le ton de l’aventure. L’été lapon est maussade et les moustiques malgré le froid et la pluie sont d’attaque.

Nous partons sous la pluie où il est peu agréable d’enfiler une combinaison mouillée. Plus nous avançons vers le lac Inari, plus le vent est fort.

Pagayer contre le vent met nos bras à rude épreuve. Les vagues sont dignes d’une mer bretonne déchaînée. Nous suivons la côte pour essayer de prendre le moins de vent possible. Quand nous voyons enfin le lac Inari à l’horizon, une pluie battante s’acharne sur nous. Nous décidons de nous arrêter pendant la tempête, sage décision ! La grêle se met à tomber et nous trouvons un abri sous un arbre. Avec les vagues, la pluie et la grêle, nos combinaisons sont trempées et nous commençons à nous sentir fatiguées par 6 heures d’efforts sans relâche. Nous nous remettons en route et commençons notre traversée du vaste lac avant de nous arrêter sur une petite île magique où le soleil nous attendra finalement. Nous faisons un feu pour sécher nos affaires trempées et passons une belle soirée dans ce petit coin de paradis. Avec le soleil de minuit, nous n’avons plus de repères de temps et pagayons souvent jusqu’à très tard. Le fait de ne pas avoir de nuits noires nous permet de suivre nos envies. Une liberté qu’il est rare de pouvoir vivre en expédition.

Nos kayaks gonflables nous ont été livrés très tardivement avant notre départ et n’avons pu les essayer avant l’expédition. Il a fallu apprendre rapidement à se stabiliser, avec notre poids de corps et le poids du sac à l’avant. Nous améliorons notre technique de sortie et entrée dans le kayak et arrivons de mieux en mieux à rester au sec dans notre embarcation.

Troisième journée, le soleil est au rendez-vous et nous effectuons une belle journée. Les paysages sont magnifiques. L’eau bleue est calme et pour la première fois depuis notre arrivée, nous avons chaud ! On peut donc enlever pull et coupe vent et pagayer en combinaison. Il faut dire que la température est rarement supérieure à 20 degrés.

Malgré l’immensité du lac, nous ne nous sentons pas perdues du fait des nombreux îlots qui ponctuent notre route.

Le choix des campements du soir est un véritable bonheur. Entre tous ces îlots sauvages de toute beauté, nous prenons le temps de choisir un endroit avec « garage » à kayak.

Notre spot du soir réunit toutes les conditions idéales : terrain plat sur l’herbe, avancée rocheuse pour notre feu, garage à kayak, siège rocheux dans l’eau pour notre douche, vue sur le soleil de minuit. Pendant qu’Isabelle prépare le campement du soir, Chloé part en kayak s’essayer à la pêche. Malgré le retour bredouille, nous passons une des plus belles soirées de ce voyage.

Nous prenons la route. La journée est belle mais Isabelle ressent une douleur à l’épaule droite. Rien d’inquiétant, Isabelle savait avant le départ qu’elle avait cette faiblesse nécessitant une opération à son retour. Cela dit nous nous inquiétons quand même quant à la persistance de la douleur sur la durée de l’expédition. Après une longue pause, nous reprenons notre route. Nous découvrons un îlot où d’anciens campeurs ont laissé des bûches de bois. Nous en prenons quelques-unes pour notre feu du soir. Nous constatons alors que beaucoup d’anciens « campements» sont laissés propres et avec du bois à proximité pour les prochains. Nous apprendrons par la suite que cela fait partie des sympathiques traditions finlandaises.

Nous peinons un peu plus ce soir pour trouver un îlot. Ils sont plus rocheux de ce côté du lac et nous sommes souvent confrontées à des îlots bordés de falaises, rendant l’approche impossible. Nous finissons par trouver notre dernier campement avant notre arrivée à Inari le lendemain.

Le réveil du matin est plutôt surprenant. A peine sorties de la tente, nous découvrons deux kayakistes rôdant autour de notre camp. Voici les premières personnes que nous croisons depuis notre départ d’Ivalo. Ils se sont arrêtés surpris de ne pas voir nos kayaks et se demandant comment nous avons pu atterrir sur cet îlot. Nous leurs montrons nos packlites et ils sont surpris de voir ces kayaks gonflables capables de faire de telles distances. Amusées, nous finissons notre route jusqu’à Inari.

Inari

Nous voyons le clocher de l’église et décidons de nous arrêter à ce niveau pensant trouver le centre ville. Après un peu de logistique de dégonflage de kayak et de réorganisation de sac à dos, nous empruntons un petit sentier dans la forêt qui nous mène à l’église. Juste à côté, nous voyons un bureau visitInari où nous rentrons pour avoir les informations concernant la suite de notre voyage. Si la fille de la réception nous dit très vite que ce n’est pas l’office du tourisme, elle nous demande d’où on vient et est plutôt surprise d’entendre que nous arrivons d’Ivalo en kayak. Ce trajet maritime n’est pas communément emprunté par les kayakistes. Belle rencontre de Silja, qui a la double nationalité finlandaise et française. Nous restons donc longuement dans son bureau où elle nous donne plein d’informations essentielles pour notre projet mais surtout le contact d’un chercheur d’or se prénommant Aki, qu’elle connaît et qui se trouve en ce moment même dans le Parc national Lemmenjoki.

Nous la quittons heureuses de ce premier contact et prenons rendez-vous avec elle le lendemain pour un café et une interview. Silja a fait une école de survie pour devenir guide dans la région et a beaucoup à nous apprendre de ses traditions, le mode de vie des lapons mais aussi sur les chercheurs d’or. Nous partons à l’office du tourisme pour organiser notre départ vers le parc national. Nous apprenons que malheureusement il n’y a pas de transport en commun pour s’y rendre. Heureusement pour nous, nous rencontrons Anne qui travaille à l’office du tourisme et habite pas loin de Njurgulahti, point d’entrée dans le parc national. Elle nous propose de nous y emmener le lendemain. Nous sommes surprises par l’accueil si chaleureux et l’intérêt indéniable des locaux concernant notre projet. Nous en profitons pour visiter le musée.

 

A la rencontre des chercheurs d’or du Lemmenjoki

Le 4 juillet, nous partons donc avec Anne après sa journée de travail. Nous roulons sous la pluie en direction de Njurgulahti. Là-bas, nous séjournerons a Akhun Tupa. Cette auberge-restaurant est un lieu de passage pour les chercheurs d’or. En effet, pour se rendre dans le parc national, il n’y a pas mille solutions. Seuls huit propriétaires de barques à moteur ont obtenus la licence pour conduire les personnes désirant se rendre dans la parc national, et ainsi préserver la faune et la flore du parc. Ceux-ci doivent emprunter la route jusqu’au village de Njurgulahti avant de pouvoir embarquer dans la barque de Tintin, le mari de Margeeta, l’une des propriétaires d’Akhun Tupa. Nous avions déjà contacté par mail Akhun Tupa, désireuses de trouver des sponsors locaux pouvant nous prêter les kayaks. L’accueil fut cordial et les sœurs d’Akhun Tupa ne tardent pas à nous reconnaître et nous dire à quel point elles ont aimé notre projet et souhaitent nous aider à leur échelle.

Elles nous proposent de nous offrir le gîte et le repas lors de notre passage. Outre cela, nous découvrons vite qu’elles ont envie de partager leur histoire. En effet, leur père fut le premier à développer le tourisme vers le parc national. De plus, elles ont des contacts réguliers avec tous les chercheurs d’or présents dans le parc et partagent de nombreuses histoires avec nous ainsi que de précieuses informations utiles pour les rencontrer. Elles sont en mesure de nous indiquer ceux qui sont présents en ce moment dans le parc mais aussi ceux qui parlent anglais. De plus, elles nous font découvrir un livre sur les chercheurs d’or : « Golden days ». Malgré nos nombreuses recherches avant le départ, nous n’avions pas trouvé en France de documentation précise ciblée sur le Lemmenjoki. Nous partons donc le lendemain en direction des Ravadas Falls, point de départ de notre randonnée dans le parc national. Nous commençons par suivre le chemin balisé du parc et découvrons une forêt très dense. Les sacs sont lourds car nous portons nos kayaks mais nous avons eu la chance de pouvoir laisser un peu de notre nourriture à Akhun Tupa.

Nous effectuons une première journée plutôt courte jusqu’à la cabine pour marcheurs de Mogamoja . À notre grand étonnement, nous constatons que de nombreux quads sont garés à Kultasatama, point de départ des chercheurs d’or vers leurs habitations. Nous avons l’agréable surprise de voir un quad venir vers nous, et réalisons que c’est Aki, le chercheur d’or que nous avions contacté par mail avant de partir et qui nous accueillera dans quelques jours chez lui. Il repart passer quelques jours à la ville pour acheter des provisions et récupérer sa fiancée. Le rendez-vous est pris dans 2 jours. Nous quittons enfin les chemins balisés et partons à la découverte de cette nature sauvage. De nombreuses maisons de chercheur d’or sur notre route sont fermées. Nous continuons notre route vers Pekka, un chercheur d’or dont nous a parlé Aki. Nous arrivons sous une pluie battante et un vent fort, après une journée de marche où nous avons découvert de nombreux cours d’eaux exploités. Pekka et sa femme nous parlent de leur vie : leur potager, leur vie isolée, la météo des prochains jours qui s’annonce mauvaise.

Au vu du brouillard et de la pluie incessante, ils finissent par nous proposer le gîte. A deux pas de leur maison, il y a un grand campement avec de nombreuses cabines. Nous apprendrons plus tard que cet endroit appartenait à l’ex partenaire de Pekka, décédé quelques années plus tôt. Cet endroit est l’un des plus vieux campements de chercheurs d’or dans le parc national. Pekka nous informe qu’il se bat pour préserver cet endroit et le faire déclarer comme patrimoine historique et en faire un musée. En effet, suite à une nouvelle loi, les chercheurs d’or du Lemmenjoki sont menacés. Le gouvernement souhaite l’arrêt de l’utilisation des machines pour l’extraction d’or mais aussi l’exode total des chercheurs d’or présents dans le parc. Une fois délestées de nos sacs, nous partons découvrir la bibliothèque du parc qui est également un aérodrome. Depuis une colline, nous admirons les paysages où le lichen recouvre les montagnes et attire de nombreux rennes. Malgré le brouillard, les paysages sont sublimes. Notre plus grande inquiétude vient de notre batterie d’appareil photo qui tient de moins en moins la distance. A cause du froid, la batterie se décharge vite et vu les conditions météorologiques, nous ne pouvons pas utiliser notre panneau solaire. Heureusement que nos hôtes sont des plus gentils et acceptent de charger notre batterie sur leur groupe électrogène. Nous sommes ravies d’avoir la chance d’être au cœur de l’histoire des chercheurs d’or dans le parc national. Nous apprenons en effet que de nombreuses réunions de l’association des chercheurs d’or mais aussi de nombreuses fêtes de rassemblement se déroulent dans ce lieu où nous passons la nuit, à l’abri de la tempête.

Le lendemain, nous sommes réveillées par Ilka, l’auteur du livre « Golden Days ». Pekka, à qui nous avions confié la veille notre désir de rencontrer Ilka, l’avait appelé et prévenu. Ilka devant se rendre à la ville a pris la peine de faire un détour pour venir se présenter et nous expliquer qu’il ne serait pas présent sur son exploitation. Nous sommes ravies de faire sa connaissance et manquons cruellement de temps pour poser toutes nos questions. Ilka nous conseille de passer la journée dans la cabine tellement le temps est mauvais. C’est également lui qui nous indique que nous pouvons passer une nuit supplémentaire au chaud. Après avoir vérifié avec Pekka si cela lui convenait, nous réalisons la chance que nous avons d’avoir cet abri comme camp de base. Malgré les recommandations de nos hôtes, nous décidons de partir explorer l’ouest du parc national exploité par Raimo, qui a trouvé la semaine précédent notre arrivée une pépite de 97 grammes.

Nous passons par la deuxième bibliothèque sur un autre aérodrome du parc national. Ces endroits en hauteur sont les points de ralliement des chercheurs d’or désireux de passer un coup de téléphone. Nous poursuivons notre route en direction de la concession de Raimo et passons par de nombreux sites d’extraction. Beaucoup travaillent avec de grosses machines de chantier afin d’optimiser leur rendement. L’accueil qu’on nous réserve est cordial mais il est difficile de réaliser une interview. Si la barrière de la langue nous empêche de converser avec certains chercheurs d’or, leurs sourires et leur gentillesse nous surprennent. En logeant chez Pekka, nous nous rendons compte que de nombreux chercheurs d’or sont déjà au courant de notre présence dans le parc national. En effet, c’est avec un étonnement non dissimulé que nous découvrons à quel points ces chercheurs d’or vivent avec leur temps et sont connectés comme nous pouvons l’être dans les plus grandes villes: téléphones, Internet, quads, etc.. Malgré quelques erreurs d’orientation, nous arrivons après quelques heures de marche chez Raimo.

À notre arrivée, une femme est en train de travailler. Malheureusement, elle ne parle pas du tout anglais et c’est par le biais de gestes et de mimes quelque peu hasardeux que nous comprenons que Raimo est parti vendre sa pépite en ville. Nous n’aurons donc pas la chance de voir cette énorme pépite de nos propres yeux mais nous avons l’occasion de voir le terrain de Raimo et de sa femme, qui ne ménagent pas leurs efforts pour trouver les pépites. Nous faisons la rencontre d’Isola et constatons que les différentes adresses des chercheurs d’or sont en réalité le nom de leurs ancêtres qui ont établi les camps. Nous rentrons à notre camp de base où nous apprécions la vie simple des chercheurs d’or de l’époque, feu de bois, cuisine sur poêle…

Levées avec un rayon de soleil, nous remercions nos hôtes en faisant le grand ménage de printemps de la cabine et partageons un thé avec eux avant de prendre la route pour la concession d’Aki. Nous nous arrêtons pour demander notre route à un chercheur d’or ne parlant pas anglais. Il va du coup nous accompagner pour le reste de la route dans cet endroit de plus en plus sauvage. Nous avons de la chance de découvrir l’un des campements les plus isolés du parc national. Cela nous permet de découvrir la beauté sauvage du parc naturel qui est ici sans chemin de randonnée et même sans chemin de quad. Nous arrivons et trouvons Aki en plein travail. Il nous attend et ne tarde pas à nous former à son métier. Le froid ne nous arrête pas. Aki est heureux que la glace ait enfin fondu. Nous participons donc à ses premières recherches. Il a fait le choix de travailler de manière traditionnelle, à la pelle. Nous l’aidons en enfonçant la pelle dans la terre, en déversant son contenu dans un semi qui conduit à une gouttière où jaillit l’eau qui triera naturellement les matériaux lourds, les séparant des matériaux plus légers comme la terre ou le sable. En effet, les paillettes et pépites d’or, 19 fois plus lourdes que les autres pierres, seront prisonnières au fond de la gouttière. C’est ce que nous tenterons de trouver lors de l’atelier « Bâtée à la main », dernière étape qui nous permettra par un mouvement circulaire, d’éliminer avec l’eau les éléments légers pour de ne laisser apparaître que les paillettes d’or au fond de ce chapeau chinois.

Après une journée dans la concession d’Aki, nous repartons le dos cassé et nous rendons compte de la difficulté de ce travail solitaire et physique. Ce qui nous marque le plus, c’est la passion et la patience dont font preuve ces chercheurs d’or pour trouver des paillettes d’or, voire des pépites lors des jours plus chanceux.

Nous réalisons la chance d’avoir pu avec eux apprendre à chercher de l’or et d’avoir pu passer une journée avec Aki sur sa concession. Mais l’aventure continue et nous reprenons la route vers les sentiers du parc national. Nous traversons de belles plaines sauvages mais où nous avons également la surprise de rencontrer une famille en pleine partie de golf. En effet, les femmes s’entraînent au golf pendant que les hommes installent une nouvelle zone d’extraction à l’aide de leur machine. Les femmes nous informent qu’elles seront au festival des chercheurs d’or de Tankavaara. Un festival où des chercheurs d’or professionnels de la région mais aussi des touristes et des passionnés viennent tester leurs rapidité de panning .

Nous décidons d’y faire un tour en fin de séjour si nous avons le temps.

Nous marchons en direction de Ravadas Falls où nous gonflons nos kayaks pour rejoindre Njurghulati. Nous partons tard et progressons lentement sur nos embarcations. Si nous sommes ravies de la praticité des kayaks et de la liberté qu’ils nous offrent, la lenteur des embarcations nous chagrine un peu. Ce ne sont pas les kayaks affutés que nous avons l’habitude d’utiliser. Nous arrivons donc tard à Akhun Tupa où nous sommes attendues.

La descente de la Lemmenjoki jusqu’à Inari

Le lendemain, nous sommes bien fatiguées par la route d’hier qui fut froide et longue. La reprise aujourd’hui ne nous enthousiasme pas et nous prenons le temps de discuter avec nos hôtes et de réaliser des vidéos pour témoigner de cette belle aventure. Il est 18 heures et, magie du soleil de minuit, nous reprenons la route. Nous ne nous fixons pas d’objectif mais souhaitons juste avancer un peu et planter notre tente sur les rives de la Lemmenjoki. Le départ sous le soleil nous ravit et, pour la première fois depuis le début de notre aventure, nous découvrons la joie des rapides et du courant ! La progression est plus rapide et la rivière moins monotone. Nous découvrons des paysages magnifiques, des falaises de sable, des forêts de bouleaux. Nous plantons notre tente sur une plage de sable blanc.

Nous continuons notre route sur cette rivière agréable aux paysages changeants avant d’arriver au lac Paadar. Nous arrivons avec un peu d’appréhension à ce lac dont on nous a tant parlé. En effet, l’office du tourisme ainsi que les propriétaires d’Akhun Tupa nous ont mis en garde contre ce grand lac qui réserve des surprises en fonction des conditions météorologiques. Nous l’abordons sous un ciel nuageux et comprenons vite que la traversée va être une réelle épreuve. Nous pagayons face au vent qui ne nous laisse aucun repos. Si nous ne voulons pas reculer, nous n’avons pas le choix, nous ne pouvons pas nous arrêter deux secondes pour reposer nos bras. Nos mains sont gelées, les vagues puissantes et au bout d’une heure de combat, nous sommes prises de mal de mer. Nous regagnons la rive pour une pause. L’avancée est terriblement lente et nous arrivons à la conclusion que nous serons plus rapides à pied. Nous dégonflons alors nos packlite et commençons la marche en longeant le lac. La tâche n’est pas plus simple, la côte est marécageuse et les moustiques très nombreux.

Nous progressons lentement dans les herbes hautes et les crevasses rendent chaque pas plus difficile. Les nuages de moustiques autour de nous ne nous laissent pas de répit et jouent sur le moral. Au bout d’une heure de marche, nous reconsidérons le kayak et repartons à bord de nos embarcations. Le vent semble être un peu tombé et nous sommes heureuses de quitter ces nuages de moustiques autour de nos têtes. Nous progressons lentement contre le vent et nous fixons comme campement une plage située aux 2/3 du lac. Nous arrivons dans un état proche de l’hypothermie. La nuit est salvatrice mais la reprise est dure. Le vent est toujours bien présent et nous continuons notre bataille acharnée contre lui. Après des heures de pagaie sans pause, nos muscles sont tétanisés. Nous atteignons l’embouchure de la rivière et sommes à bout de force.

Nous essayons de retrouver notre motivation en pensant au cocktail qui nous attend à Inari.

Nous continuons notre progression sur la rivière. N’ayant pas pu nous procurer de carte maritime précise, nous avons souvent bien du mal à nous situer et à estimer notre progression. Nous atteignons le lac Solojarvi. Bien plus petit que le lac Padaar, la traversée du lac Solojarvi marque la fin de notre aventure kayak le long de la Lemmenjoki. Ayant été mises en garde par l’office du tourisme, nous savons que les rapides suivants sont dangereux et notre légère embarcation ne nous permet pas de nous y aventurer. C’est un peu frustrées que nous nous frayons alors un chemin dans la nature lapone pour parvenir à Inari.

Le lendemain, nous faisons la route d’Inari à Ivalo où nous apprenons qu’il est impossible d’aller jusqu’au point de départ de la descente de l’Ivalojoki, Kuttura. A peine commencée la recherche d’une voiture, que s’arrête Ari un chercheur d’or de la région qui accepte de nous emmener jusqu’à Kuttura. Nous y arrivons en début d’après-midi et embarquons sur nos kayaks malgré les recommandations d’un marcheur indiquant un niveau d’eau très faible.

La descente de l’Ivalojoki jusqu’à Ivalo

Nous constatons très vite qu’on ne nous avait pas menti. Le niveau d’eau est très bas et le premier rapide que nous vivons est un beau massage de fesses. Nous sommes cependant contentes d’être enfin sur une rivière avec du courant et des rapides. Il est vrai que nous avions été surprises de constater que le courant et les rapides sur les premières rivières étaient faibles et il nous tardait d’être enfin confrontées aux eaux vives. Nous découvrons vite les limites de nos embarcations qui sont parfaites sur de l’eau calme mais qui se révèlent bien moins maniables dans une rivière avec un fort courant. Les passages des différents rapides remplissent d’eau nos embarcations.

Lors de l’enregistrement d’une video de descente de rapides, notre batterie supplémentaire et le micro prennent l’eau. Nous ne fonctionneront plus qu’avec une seule batterie, qui se charge lentement à l’aide du panneau solaire. Les conditions rendent difficiles les enregistrements, si ce n’est avec la GoPro. L’eau est glacée et malgré nos nombreux stops pour vider nos kayaks, nous sommes gelées. Nous nous arrêtons à un campement où nous rencontrons deux hommes. Ils nous indiquent qu’ils établissent leur campement à cet endroit car ils ont cassé leur kayak un peu plus loin. Le niveau d’eau est vraiment bas et nous avons la chance d’avoir des embarcations en plastique, même si chaque pierre nous inquiète. La pluie se met à tomber et nous n’avons pas d’autre option que de pagayer plus longtemps que prévu pour atteindre une cabine pour marcheurs. Sans un endroit sec où faire sécher nos affaires pour la nuit, nous serons incapables de repartir. Nous atteignons tard le campement historique qui était à l’époque un endroit où les lois des chercheurs d’or étaient définies. Le feu et le cognac nous permettent peu à peu de nous réchauffer.

C’est sans grande motivation que nous repartons le lendemain midi par un temps maussade et une température de plus en plus fraîche. Nous prenons toujours autant de plaisir à descendre les rapides, de plus en plus nombreux et de plus en plus intéressants. Les paysages sont magnifiques, toujours aussi sauvages. Nous alternons les coups de pagaies entre les forêts, les falaises rocheuses, les falaises de sable, et les ruines historiques de la ruée vers l’or. Après quelques heures de descente, nous rencontrons trois amis en train de pêcher. Ceux-ci nous invitent à venir prendre l’apéro avec eux. Ils possèdent une concession sur un affluent de l’Ivalojoki. Malgré notre intérêt, nous sommes hélas à court de temps et n’avons pas assez de jours pour rester et découvrir leurs endroits.

Nous partageons quand même un sympathique moment avec Ero et Sami qui connaissent par cœur l’histoire de la ruée vers l’or dans la région de l’Ivalojoki. Ensuite nous reprenons la route avant de monter notre tente pour la dernière nuit. La descente de l’Ivalojoki continue mais les rapides diminuent et les paysages s’urbanisent. Nous sommes ravies de croiser plusieurs rennes sur notre route. La dernière journée jusqu’à Ivalo ne présente pas beaucoup d’intérêt car la fin de notre parcours est parallèle à une route et nous sommes un peu déçues de pagayer dans ces conditions même si l’envie de boucler la boucle est plus forte que tout. Nous finirons au même hôtel duquel nous sommes parties le premier jour pour le lac Inari et éprouverons une grande fierté a la fin de notre périple lapon.

Le festival des chercheurs d’or à Tankavaraa

Dès notre arrivée au festival, nous sommes chaleureusement accueillies par Ari, le chercheur d’or qui nous avait prises en stop. Nous croisons de nombreux chercheurs d’or rencontrés dans le Lemmenjoki et sommes ravies de l’accueil qui nous est réservé par la communauté.

Ari nous fait faire le tour du campement et réussit à nous convaincre de nous inscrire à la compétition des chercheurs d’or débutants qui aura lieu le lendemain. Après un rapide entraînement supervisé par Ari et ses amis, nous participons donc à cette fameuse compétition et finissons fièrement 2ème et 3ème de la compétition derrière une Finlandaise. Nous obtenons ainsi les médailles d’argent et de bronze.

Belle façon pour nous de conclure notre aventure si exceptionnelle !

 

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