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Bourses Expé by Cabesto 2023

récit d'expédition [lauréats BOURSES 2016]

Mille et un pas sous la glace

De la spéléologie sous la glace

Suisse, glacier d'Aletsch, 8-14 octobre 2016

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L'ÉQUIPE

 

Barnabé Fourgous

37 ans, guide de spéléologie

Lans-en-Vercors

 

Nicolas Baudier

34 ans, cordonnier

Lans-en-Vercors

 

Laura Bonnefois

29 ans, éducatrice sportive

Méaudre

 

Anthony Brigant

32 ans, éducateur sportif

Méaudre

 

Thomas Cornu

34 ans, guide de spéléologie

Saint-Martin d'Uriage

 

Pierre-Bernard Laussac

43 ans, éducateur sportif

Villard-de-Lans

 

Tristan Godet

38 ans, BE spéléologie

Seyssinet

 

Isadora Guillamo

29 ans, cordiste, guide spéléo

Lans-en-Vercors

 

Aurélie Paulet

32 ans, infirmière

Lans-en-Vercors

 

Émilie Rebreyend

35 ans, assistante de direction

Seyssinet

 

Le projet initial

 

Cette discipline qui cumule le milieu du glacier et les techniques spéléologiques permet de descendre au cœur des glaciers, d’en explorer les recoins pour en rapporter les traces des circulations d’eau en son sein.

L’Eldorado européen de la spéléologie glaciaire est, après celui du Gorner, le glacier d'Aletsch, en Suisse. Il est le glacier majeur d'Europe et pourtant il reste peu connu des glacionautes* et peu de données ont été rapportées de cet univers.

Ils espérent explorer l’intégralité d’un méga moulin explorée dans les années précédentes, et dans lequel ils avaient dû s’arrêter à 40 m de profondeur devant un fort rideau aquatique. Même en explorant de nuit, le débit dépassait encore les 200 litres d’eau glacée à la seconde. Ils espèrent atteindre grâce à cet important et impressionnant “moulin” le cœur du glacier vu sa position.

Aux alentours, ils devraient retrouver une vingtaine d’autres moulins. Chaque exploration fera l’objet d’une topographie, et certains moulins étudiés selon des protocoles développés avec les scientifiques associés que sont Luc Moreau, glaciologue indépendant, et Marjorie Perroud, de l’Université de Genève C3i.

L’équipe des pirates…

Octobre 2011… Après 1 semaine d’exploration sur le plus grand glacier d’Europe, nous nous étions promis de revenir ! C’est chose faite : en 2016, l’expédition «Mille et un pas sous la glace» se monte et part pour l’exploration de moulins de glace sur le glacier d’Aletsch.

"Mille et un pas sous la glace" c’est un groupe de 11 amis, spéléologues pour la plupart, montagnards et prêts à chausser les crampons ! Outre le côté aventure de l’expédition, nous nous sommes associés avec l’Institut Pasteur de Paris et avec le Canton du Valais. Cette expédition était l’occasion pour nous de leur proposer un partenariat scientifique. Ils étaient intéressés par des prélèvements de glace d’Aletsch (recherche de virus, bactéries…).

Pour nous aider : Eric Larose, du laboratoire ISTERRE de Grenoble, qui travaille en lien avec les glaciologues du canton du Valais qui étudient les mouvements du glacier, et Benoît Magrina, géologue, habitué aux manipulations : prélèvements de glace, désinfection des tubes, conservation des échantillons.

Le grand glacier d’Aletsch en chiffres:

  • Longueur : 23 kilomètres, par conséquent le plus long fleuve glaciaire des Alpes.
  • Surface : 86 km².
  • Poids total de la glace : 27 milliards de tonnes (équivaut à 72,5 millions de Boeing 747).
  • Couche de glace : la glace atteint une profondeur de plus de 900 m au niveau de Konkordiaplatz.
  • Gigantesque réservoir d’eau : si toute la glace fondait, l’eau obtenue suffirait à ravitailler en eau tous les habitants de la Terre durant 4,5 ans, à raison d’1 litre d’eau par jour.

 

L’expé a donc débuté le samedi 8 octobre 2016. Nous avons installé notre camp à 2700m d’altitude sur Konkordiaplatz, sur le plus grand glacier d’Europe. Cette année, Aletsch est au centre des inquiétudes des scientifiques. En effet, une masse de terre et de roches de 200 millions de mètres cubes s’est mise en mouvement à Riederalp, sur la rive gauche du glacier. Elle avance de plus de 20 centimètres par jour ce qui provoque des éboulements ponctuels. Notre camp se situait heureusement en haut du glacier, loin de tous ces éboulements.

Afin d’améliorer le confort du camp, nous avons loué une tente mess’ où l’on pouvait tous se retrouver pour les repas, le débrief du jour et la préparation du lendemain. Avec une température de -18° en moyenne la nuit, la chaleur de la tente était plutôt confortable.

En quatre jours, nous avons donc sillonné la Konkordiaplatz pour descendre dans le maximum de moulins et également en répertorier. Nous avons également tenté de retrouver les moulins déjà explorés en 2011… certains n’existaient plus, d’autres n’étaient plus praticables (cf photo avant/après « Terreur noctune »). Les mouvements du glacier rend ces moulins éphémères (cf Spéléo magazine n°80). Au total ce sont 15 moulins qui ont été explorés et 25 recensés (points GPS).

Deux moulins ont particulièrement retenu notre attention : « Moulin de la jonction rive droite » et « Moulin de la jonction rive gauche ». En effet, ces deux moulins ont été descendus le 1er jour d’exploration. Les entrées étaient situées à 2 mètres d’écart et surprise : les moulins se rejoignaient par une lucarne à -40m de profondeur ! Les deux équipes ont donc continué l’exploration ensemble jusqu’à -60m.

Cette expédition a également été l’occasion pour Cora Labaeye, preneuse de son et chanteuse, de travailler les sons et sa voix au fond d’un moulin, et pour Raphaël Lassablière, cameraman, de filmer ses premières images de moulins de glace. Un film est en cours de montage et sera présenté aux Rencontres de Montagne de Grenoble en 2017.

Compte-rendu journalier

 

Jour 1: transport, organisation et mise en place du camp

 

Le 8 octobre : préparation et acheminement par hélicoptère (avec la compagnie Air Zermatt) de 520 kilos de matériels ainsi que 11 membres de l’équipe, sur l’amont du glacier d’Aletsch. Le camp comprendra 4 tentes : deux 3 places, une 2 places et une grosse tente « Mess » Mountain Hard Wear, qui servira à nous réunir, se restaurer et à loger le reste de l’équipe.

6 heures : rendez-vous au parking du téléphérique de Fiesch (commune suisse du canton du Valais, 1000 hab., à 1050 m d’altitude) pour organiser et répartir le matériel et la nourriture pour un héliportage prévu vers 9 h à la DZ situé à Bellwald, située à 10 min de route au-dessus du parking. Malgré un temps bien couvert nous sommes prêts vers 8 H 30. Commence alors une très longue journée ponctuée d’hésitations et d’incertitudes. En effet, le pilote ne peux pas nous convoyer tant que la couverture nuageuse ne se dissipe pas. C’est l’institut de glaciologie du Valais, très intéressé de connaître ce qui se passe en-dessous du glacier, nous a permis d’avoir accès à cet héliportage. Merci à Eric qui a géré cet aspect de l’expédition.

Vers 9 h 30, nous apprenons que nous ne décollerons pas avant 11 heures. Nous décidons alors d’utiliser notre temps libre pour s’entraîner à monter notre nouvelle tente « mess ». Entraînement très utile vu la complexité du montage de la tente. Nous reprenons contact avec notre pilote vers 10 h 30 et avons la mauvaise surprise d’apprendre qu’au vu des conditions météo, nous ne décollerons pas aujourd’hui et que le vol est reporté au lundi matin (2 jours plus tard). Nous décidons de redescendre à Fiesh pour reprendre la météo et consulter les webcams. Différentes stratégies se mettent en place : monter à pied, changement de destination (glacier de Gorner)…

Nous décidons d’attendre et de voir si la météo s’améliorait au cours de la journée. Et c’est bien ce qui s’est passé. Nous avons donc repris contact avec le pilote qui nous informe que nous pourrions envisager un vol vers 13 heures. Nous remontons préparer les affaires à la DZ. Après avoir eu un empêchement de dernière minute, le pilote nous confirme notre vol pour 15 h 30. Ne sachant pas combien de rotations seront possibles, nous décidons d’embarquer dans le premier vol le matériel lourd (nourriture, tente « mess », matos d’exploration : cordes, broche, quincaillerie). Finalement, trois rotations de 9 minutes seront effectuées pour le total de l’équipe et du matériel.

Une fois tout le monde arrivé à bon port, sur l’amont de la moraine principale, en rive droite de Konkordiaplatz, nous décidons du lieu d’implantation de notre camp de base et nous nous mettons au travail pour un gros terrassement. Un bon travail d’équipe (et l’entraînement !) permet de monter vite notre camp et les 4 tentes seront en place avant la nuit. L’inauguration du camp sera célébrée par le lever du drapeau pirate sous le coucher du soleil, dans un décor fabuleux.

Jour 2: Exploration et prospection des moulins

 

Toute l’équipe commence une prospection rive gauche du glacier. 8 à 9 heures: température -15° C. Tout le monde se lève à son rythme, les jambes pas trop épuisées comme après la marche d’approche éprouvante de 2011. Le ciel bleu et son grand soleil accompagnera le petit déjeuner ainsi que l’ensemble de la journée. Les équipes se composent et préparent le matériel : broches à glace, connecteurs, matériels perso, cordes…

10 heures : départ des équipes pour découvrir les premiers moulins à une demi-heure du camp.

Trois équipes : Thomas, PB, Bab, Ben, puis Mimi, Tristan, Alain et Eric et enfin Lyly, Théo et Seb.

Tout le monde est bien actif, les trois équipes entrent dans un moulin différent, dont l’un qui communiquera et que l’on baptisera « Moulin de la jonction rive droite » et « Moulin de la jonction rive gauche » (M.J). Équipeurs des entrées du M.J., Thomas et Tristan.

Un autre moulin sera équipé par Seb. Quelle surprise à la découverte d’excréments ! On le nommera Chiottes de luxe (C.L). Après la topographie qui ne mènera pas loin, nous déséquipons.

En début d’après-midi, Bab et Ben partent rejoindre Raphaël (le cameraman du séjour) et Cora (notre artiste du groupe), qui arrivent à pied sur le glacier.

En attendant les équipes 1 et 2 ressortent pour prendre une pause, passer la main, informer que cela continue.

Les équipes se divisent : l’une d’entre elle rentre au camp pour ranger du matériel avant la nuit, préparer à manger et surtout organiser notre  tente « mess », afin profiter au mieux de tout le confort qu’elle nous donnera durant la suite de notre séjour.

Une autre équipe, composée de Seb et Théo, entre à leur tour dans M.J. avec du matériel supplémentaire pour poursuivre la topographie et l’exploration.

Une troisième équipe part en prospection. L’objectif est de retrouver un énorme moulin découvert en 2011: « Terreur nocturne » (T.N.). Ce moulin est retrouvé… mais inaccessible ! En 5 ans, il s’est refermé et nous ne pouvons plus l’explorer.

Les équipes se rejoignent enfin vers 20 heures dans la tente pour un repas chaud et au chaud. Après ce bon repas dans la convivialité et la bonne humeur, le moment est venu de remettre au propre toutes les notes prises durant l’exploration des moulins (report topographique, dessin, …). Le temps passé à treize sous ce joli dôme fera de cette première soirée un moment unique.

Jour 3 : L’exploration continue

 

Les 3 équipes se préparent et partent du camp vers 9 h 30, température -16° C. Départ d’Éric à pied, car il doit rentrer au labo.

La première équipe part vers « Terreur nocturne » T.N. (Mimi, Tristan, Thomas, Alain). Mimi et Tristan descendent dans son Fossile Aval, autre entrée toute proche de T.N. Résultat : environ -50 mètres, avec Tristan à l’équipement.

Thomas et Alain descendent dans le Fossile Amont Ils équiperont tous les deux ce P90.

La deuxième équipe, composée de Lyly, Seb, Pb et Ben, part vers La Jungfrau où plusieurs moulins avaient étaient repérés en 2011. Ils en retrouveront deux, à la beauté particulière et majestueuse (Le moulin de la Jungfrau (M.Jg.) et Crystal Palace (C.P.). Toute l’équipe explorera le M.Jg. avec Seb à l’équipement. Après un bon pique-nique, la team se scinde en 2 binômes : Seb et Pb partent dans C.P., PB à l’équipement et Ben et Lyly partent prospecter les rimayes aux alentours.

La dernière équipe, composée des artistes Bab, Raphael, Cora et Théo, arrivera tout doucement vers T.N. Après avoir commencé les premières prises de son et d’images de marche d’approche à la recherche de moulins. Cette balade sera accompagné de quelles acrobatie pour traverser et longer la bédière* de T. N.

Les premières images de l’intérieur d’un moulin se feront dans T.N. Fossile Aval. Raphaël et Cora, commencent leur travail dans l’antre du moulin. Silence, ça tourne !

En fin de journée, retour dans notre palace la tente « mess » et mise au propre des différentes données et reports topographiques, il faut bien faire nos devoirs !!

Jour 4 : Certains filment et d’autres carottent !

 

Encore une belle journée prévue ! Température -16° C.

Thomas et Théo vont équiper le Moulin de la carotte M.C.

Belle balade mais trop courte. Ils seront ensuite rejoints par l’équipe film, Seb, Pb, Cora et Raphaël, pour des images et du son sur les thèmes de la la progression et de la topo. Tristan, Mimi et Alain sont en prospection, exploration et topographie. Bab et Alain seront en balade vers -60 m. dans un autre moulin sur la même droite perpendiculaire au glacier que M.C.

Ben effectuera un échantillon test à côté du camp et deux échantillons au moulin de la carotte avec Lily et l’équipe vidéo, afin d’immortaliser le tout. Après leur tournage, ils iront dans le moulin « sans nom » toucher -60m. Faire d’autres plans, dont Raphaël gardera des souvenirs un peu sport ! Il aime les acrobaties notre cameraman…

Un échantillon supplémentaire sera fait par Ben et Bab, vers – 60 m, dans le second moulin équipé par Thomas et Théo : TT Positive taboul. (TTP.T.).

Après les soucis de confort de Thomas, Théo retournera faire la topo dans TTP.T en compagnie Cora, pour sa première topographie. Seb les rejoindra. Bab et Alain rejoindront Mimi et Tristan pour faire des photos et continuer leurs explo.

Fin de la journée et retour au camp. Nous prenons la météo pour les jours suivants… grande quantité de neige annoncée sur le glacier. Nous allons devoir faire un repli stratégique si l’on veut éviter le repli catastrophique !

Nous contactons Air Zermatt pour qu’il nous récupère le lendemain, mercredi 12/10. L’organisation va être bousculée. Afin de faire des prélèvements pour Pasteur, Seb et Bab partent vers minuit dans « Chiottes de luxe ».

Démontage du camp

Jour 5 : exploration finale et pliage du camp

 

Départ pour Tristan, Théo PB et Ben à 6 h, température -18 °C… Ça craque de sous nos pied ! Bien entendu le timing sera très serré, vous l’aurez compris. Ben fera deux prélèvements : un au « Moulin de la faille » avec PB et quatre dans « T.N. Fossile amont » (P90) avec Tristan.

Alors qu’une équipe (Bab, Seb, Cora, Alain et Raphael) ira faire des images dans la perte déjà exploré en 2011 à 5 minutes du camp. Lyly, Mimi et PB feront des tentatives d’exploration et de pointage rapide.

A 17 h, décollage pour un retour prématuré mais en sécurité !

 

Remerciements

A Bab pour l’organisation de l’expé,

A Lyly et Seb pour les courses, la cuisine et la tente « mess »,

A Raphaël et Cora pour leurs points de vue extérieurs d’artiste et pour leur travail technique sur les sons et les images,

A Mimi, Tristan, Alain, Tom, Théo et PB pour le matériels et formule administrative,  sponsor, bourse,

A Ben et Eric, nos sientifiques pour leurs connaissances et savoir-faire.

 

A tous nos sponsors des Bourses Expé :

Petz - Expé - Icebreaker - Julbo - Vertical - Zulupack - Beal - Adidas

 

  • *  Bédière :  Le   terme   provient   du latin bediara dérivant  lui-même  du mot gaulois bedo signifiant "canal "
  • * Glacionaute : Explorateur interne au glacier, à travers les moulins.

Démontage du camp vu d'en haut

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