Les Bourses Expé by Cabesto Magasins Cabesto

Bourses Expé by Cabesto 2023

récit d'expédition [lauréats BOURSES 2011]

Cerro Chimbote

Tentative d'ouverture

CHILI - Du 15 juillet au 15 août 2011

 

BLOG

 

L'ÉQUIPE

 

Vivien Horcholle,

30 ans, grimpeur, BE VTT

 

François Poncet,

27 ans, alpiniste, Chamonix

 

Jerôme Sullivan,

27 ans, alpiniste, Chamonix

 

le projet intial

Objectif principal

Avec sa silhouette inoubliable, visible de loin grâce à ses grandes parois et ses trois sommets en formes de cornes, le Cerro Chimbote (Chili, région du volcan Tupungato) haut de 5493 m est devenu avec le temps une véritable légende. Après de nombreux échecs, le sommet vient tout juste d’être ouvert par une équipe chilienne.

Nous voulons gravir une nouvelle voie sur la face Sud, haute d’environ 1200 m, une face raide et rocheuse. Nous avons choisi le mois d’octobre, printemps austral, car l’accès est relativement sec mais les faces sont encore froides et gelées. Nous misons donc sur une ascension en style alpin où les difficultés d’escalade seront mixtes (neige, glace et rocher).

L’éloignement et l’engagement ont éveillé notre curiosité et piqué notre esprit d’aventure.

Objectif secondaire

Les “Torres del Brujo” ou tours du Sorcier, constituent selon les premiers ouvreurs un condensé de Patagonie sans ses inconvénients climatiques.

Encore méconnues, quelques voies difficiles ont été ouvertes, dont Clandestino (400 m, 7c) que nous voudrions répéter. Le secteur possédant encore un potentiel d’ouverture, nous espérons trouver de belles parois et y tracer un itinéraire intéressant.

Résultats de l’expédition

Objectif principal

Il nous aura fallu deux tentatives avant de renoncer à l’ascension de la face sud du Cerro Chimbote. Lors de La première tentative, la ligne choisie c’est avérée très mauvaise de par la qualité de la roche de plus la météo défavorable n’a pas non plus joué en notre faveur. Nous n’aurons gravi que 5 longueurs.

Remotivé après ce premier échec nous décidons de repartir malgré la qualité du rocher. Arrivés au pied pour déposer le matériel, nous choisissons une nouvelle ligne dont le caillou paraît plus sain. Le lendemain, au départ de la tente, un éboulement géant dans la face aura raison de notre détermination, nous décidons de redescendre et de basculer vers notre deuxième objectif.

Objectif secondaire

Suivis par la malchance, la zone des Torres del Brujo encore accessible avec un permis avant notre départ, s’est retrouvée du jour au lendemain fermée au public pour cause de tir à l’explosif pour une durée d’au-moins trois mois.

Afin que l’expédition ne soit pas un échec total ; comme nous disposons encore de pas mal de temps, nous avons décidé d’explorer d’autres massifs comme celui argentin de los Arenales, du Cerro Torre et du Fitz Roy.

À Arenales, Jérôme Sullivan et François Poncet ouvrent une voie de difficulté sur le Campanile Alto (« Escalar puede matar », ED, 7b, 230 m) ; Vivien Horcholle et David Maret réalisent la première répétition de « Définime elegancia à l’aguja del Topo » (ED-, 7a, 200 m)

Au Cerro Torre, François, Jérôme et Vivien ratent d’une longueur le sommet, après avoir gravi la face ouest par la voie Ragni (1500 m, AI5+ M4 MI6 mushroom ice). Ce fut un des moments forts de l’expe car cette voie est un monument pour les alpinistes de tous les pays.

À la face est du Fitzroy, François, Jérôme et Rémi Sfillio grimpent la partie basse du pilier Est (Ferrari), ils traversent puis continuent par Royal Flush et El Corazon jusqu’au sommet. Ils réalisent ainsi la 4e ascension en style alpin de la face Est du Fitz Roy après Tommy Caldwell, Topher Donahue et Erik Roed et leur ascension de Linea de Eleganza ; Jimmy Haden and Mike Pennings et leur ascension de Royal Flush, puis Nico Favresse et Sean Villanueva enchaînant la combinaison Ferrari-Corazon. (Source http://www.pataclimb.com/).

Au-delà des résultats obtenus, cette expédition nous aura permis d’éprouver nos liens d’amitiés dans des conditions souvent difficiles, nous aura fait découvrir des gens et des paysages fantastiques et enfin nous aura permis de développer des compétences nécessaires à la réalisation d’une nouvelle expé.

 

L'équipe au bivouac du Cerro Morado. Photo David Marret.

Compte rendu

 

Arrivée au Chili du 05/10 au 08/10

Toute l’équipe est arrivée au Chili très bien accueillie par Jean Bouichou notre ami à San Jose de Maïpo. Dès notre arrivée, nous sommes allés grimper à «Las Pedreras» puis nous sommes allés visiter Santiago où nous avons pu goûter le pisco local. La nuit venue, nous avons rencontré un membre du DAV chilien pour glaner quelques informations sur notre premier objectif, le Chimbote.

Les jours suivant, afin de nous acclimater, nous sommes partis tenter la face Sud de «El Morado» (4490 m) en mixte par la voie Vasquez. Les températures à cette époque sont encore assez froides à ces altitudes ce qui nous a donné des conditions hivernales.

Cerro Morado (Chili) du 8 au 11 octobre

Marche d’approche jusqu’au bivouac sous le Morado, il neige sur la fin de l’approche. Durant la nuit, 40 cm et un fort vent nous poussent à renoncer à l’ascension à cause du risque d’avalanche marqué sur la voie de descente. Du coup, retour à San Jose de Maïpo et nous partons grimper à « Las Torrecillas » (Canalis 7a, 250 m et Picapiedras 5c, 300 m).

Il va falloir composer avec la météo ; le lendemain, nous rencontrons un muletier pour fixer la date de départ au Chimbote. Une période de beau temps s’annonce pour la semaine suivante ; en attendant nous préparons les sacs et découvrons les spots d’escalade alentours.

 

8 octobre, tempête de vent sur le Cerro Morado. Photo David Marret.

Première tentative au Cerro Chimbote (Chili) du 15 au 20 octobre

Après 5 jours de portage et de marche d’approche (camp de base à 2800 m et camp avancé à 3900 m), nous nous engageons dans la face sud-ouest du Cerro Chimbote. Malheureusement pas de confit de canard mais du caillou dit «caca de poulet» et un épisode neigeux nous obligent à rebrousser chemin. C’est donc avec une certaine déception que nous reprenons le chemin du retour. Quelques jours de repos et d’escalade sportive et la motivation est revenue. Dans l’attente d’un permis pour accéder à Torres del Brujo (deuxième objectif de l’expé) nous partons pour los Arenales où de belles fissures nous attendent.

 

18 octobre, Vivien au rappel. Photo David Marret.

Séjour de 8 jour à los Arenales (Argentine) du 24 octobre au 2 novembre

Direction los Arenales ; après un voyage en bus quelque peu exténuant, nous arrivons à Tunuyan où nous retrouvons Yagua notre contact sur place. Ce dernier s’avère être une personne emblématique de cette région, il nous dépose à quelques encablures du magnifique refuge de los Arenales où nous allons passer 8 jours. Après une première journée maussade de grésil, neige et vent, le soleil s’installe pour le reste du séjour.

Nous nous séparons en deux cordées, Jérôme et François partent pour le Campanile Alto où après avoir grimpé «Lord», ils repèrent à gauche une très belle ligne qu’ils ouvriront en deux jours «Escalar puede matar» (7b, 230 m). Ils réalisent ensuite quelques belles envolées au Cohete et à l’aiguille Naez.

David et Vivien se concentrent sur le Leone et le Zocalo où ils grimpent de jolies voies sur un granit parfaitement fissuré. Le dernier jour après 3 heures de marche d’approche ils réalisent la première répétition d’une superbe voie qui culmine à 4000 m d’altitude «Définime Elegancia».

 

30 octobre, Jérôme dans une traversée assez pénible à l'aiguille Naez. François Poncet.

 

Deuxième Tentative au Cerro Chimbote (Chili) du 14 au 18 novembre

Remotivés après le premier échec, nous remontons au camp avancé au pied de la face. Nous repérons une nouvelle ligne plus raide mais dont le caillou paraît meilleur, une dépose de matériel et nous voilà prêts pour une nouvelle tentative.

Mais la montagne va faire des siennes et, au départ de la tente, des éboulements assez conséquents dans la face auront raison de notre détermination. Nous redescendons dans la vallée un peu déprimés, après quelques bières et le moral revenu, nous apprenons une mauvaise nouvelle, le permis qui nous permettrait d’accéder à la zone de Torres del Brujo nous est refusé car la zone est complètement bloquée jusqu’à nouvel ordre.

Exaspérés par tant de rebondissements et de refus nous décidons d’aller tenter notre chance en Patagonie...

 

17 novembre, Vivien au portage lors de la deuxième tentative au Cerro Chimbote. François Poncet.

 

Cerro Torre et Aiguille Mermoz (Argentine) du 25 novembre au 15 décembre

De Santiago du Chilin nous prenons l’avion jusqu’à Punta Arénas puis un bus jusqu’à Puerto Natales puis El Calafate et enfin El Chalten (Argentine). Très vite une fenêtre de beau temps s’installe et nous partons pour le Cerro Torre afin de réaliser la voie Ragni en face ouest. Il nous aura fallu en tout cinq jours dont quatre d’approche et de retour pour atteindre le pied de l’ultime longueur réputée pour sa difficulté, le manque de temps et les conditions du champignons final ne nous permettrons pas de le gravir totalement, mais tout de même quelle beau voyage au cœur d’une des plus belles montagnes du monde.

C’est exténués que nous regagnons el Chalten d’où, après deux jours de repos, nous repartons grimper le Red Pillar sur l’aiguille Mermoz; des fissures bouchées de glace ne nous permettrons pas d’aller jusqu’au sommet, nous avons gravi dix longueurs de cette voie en fissures magnifique offrant des difficultés jusqu’à 7b.

 

30 novembre, Jérôme et François en route vers la voie Ragni en face ouest du Cerro Torre. Photo Vivien Horcholle.

Fitz Roy (Argentine) du 15 au 28 décembre

Avant de partir, Jérôme, François et Rémi (un ami pyrénéen rencontré à El Chalten) ont réalisé la quatrième répétition en style alpin de Royal Flush [1250 m 7b A1 (6c A1)] en face est du Fitz Roy (article du 23/12/2011 sur http://pataclimb.com/).

Pour sa part Vivien accompagné de Jake, un Américain rencontré au QG des grimpeurs d’El Chalten, partit pour la cinquième répétition de Tehuelche [1300 m, 6c A1 35°] en face nord du Fitz Roy; malheureusement ils ont dû rebrousser chemin à mi-voie car Jake, blessé à la cheville, perdait beaucoup de sang, mais plus de peur que de mal le retour se fit sans problème. Malgré les échecs du début du voyage nous finissons donc sur une note très positive, nous garderont un souvenir impérissable de notre première vrai expé au Chili et en Argentine.

 

16 décembre, Rémi au premier bivouac de royal Flush. François Poncet.

 

Merci à Expé et tous ses partenaires pour leur soutien logistique, à tous ceux qui nous ont soutenu de près ou de loin...

 

 

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